Europe Echecs N°237-238
Joueurs d'échecs éléctroniques
Les Nouveaux micro par le Pr. Mazettovich
Dans le domaine de la microélectronique, les progrès sont tellement rapides que des réalisations remarquables, considérées comme insurpassables pour longtemps au moment où elles naissent, ne vivent guère plus que de vulgaires records du monde de natation ! En janvier dernier (que cela semble loin...) Chess Challenger faisait son entrée chez nous, quelques mois après c'était le tour de Compu-Chess.
Aujourd'hui nous pouvons coller une étiquette 1re génération sur ces deux appareils car dans quelques jours le public français découvrira deux nouveau-nés bien plus perfectionnés.
CHESS CHALLENGER 10 et BORIS.
A la pointe de l'actualité chaque fois qu'elle le peut, votre revue a essayé les deux appareils et vous dit ce qu'elle en pense.
Attention cependant ! E.E. n'a disposé que d'un temps trop limité pour faire des tests approfondis et ne peut d'ailleurs en ce domaine se substituer aux constructeurs.
Certains défauts, certaines faiblesses, n'étaient apparus à nous-mêmes ou à des acheteurs qu'après des mois d'usage sur les appareils précédents ; nous ne voudrions pas que le présent article soit pris pour autre chose que ce qu'il est : un compte rendu d'essais aussi sérieux et objectifs que possible, mais fatalement limités.
Ouverture :
Encore très moyen. CC 10 semble un peu plus classique que BORIS qui, sur 1. e4, a une forte prédilection pour la Scandinave et qui, programmé pour attaquer quelque chose à chaque coup, a une tendance exagérée à promener sa Dame lorsqu'il a joué 1. ... d5.
Milieu de jeu :
En progrès sur la première génération.
Mais les deux appareils alternent curieusement parties de niveau honorable et prestations très médiocres.
Elles gâchent parfois de beaux efforts par de grosses fautes (comme les humains !). Les niveaux de jeu de BORIS et CC 10 se valent à peu près semble-t-il, mais nous accordons, sur la base des quelques parties jouées, un léger avantage à CC 10 qui semble moins gaffeur que BORIS.
Nos essais sont encore insuffisants et portent sur les cadences rapides des deux appareils.
Quelle est la qualité du jeu aux cadences lentes ? Nous l'ignorons en ce qui concerne CC 10.
Fin de partie :
Là c'est la grande faiblesse, ce qui s'explique par l'absence dans le programme d'une fonction d'évaluation spécifique pour cette phase de jeu (le prochain progrès ?).
Les deux machines cafouillent beaucoup avec R et D contre R, et perdent allègrement des finales de pions gagnantes.
L'importateur (excellent joueur d'échecs) de BORIS affirme qu'avec 5 minutes de réflexion par coup, le jeu de son appareil commence à mériter considération. Le temps nous a manqué pour le vérifier.
Tableau comparatif:
En guise de conclusion
A condition de ne pas en attendre des miracles qu'ils ne peuvent faire, ces deux appareils nous semblent représenter un gros progrès sur les précédents. Ils attaquent, savent conclure le plus souvent une partie gagnée, et, si le niveau de leur jeu déçoit encore le joueur chevronné, l'amateur a l'occasion de s'amuser.
BORIS, très fort problémiste, un peu plus rapide que CC 10 dans la recherche des mats, un peu meilleur blitzeur, semble moins régulier que son concurrent dans les parties plus lentes. Mais les agréables gadgets dont il est doté séduiront le grand public et les joueurs de salon .
Alors à qui l'avantage ?
Le match nul semble équitable mais peu importe finalement car nous avons pour la première fois deux appareils très valables et, au rythme où vont les choses, il est probable que dans quelques années, le lecteur moyen d'Europe Echecs devra s'accrocher ferme pour ne pas être battu par sa machine !